maybe not a good day to meet someone♦ Eadwin Lugal

maybe not a good day to meet someone

La nuit, là où tout était possible, autant les bonnes que les mauvaises choses. Là où on pouvait se lâcher, arrêter d'être quelqu'un d'autre. La nuit était mon moment préféré de la journée. Je n'étais pas du genre à agir comme quelqu'un d'autre, loin de là, mais la nuit, j'avais l'impression qu'on attendait moins de ma personne. Que les puissances supérieures profitaient de ce répit pour fermer leurs yeux et qu'enfin j'étais invisible, intouchable. Je me sentais autant surpuissant que misérable. La nuit était bien avancée. Et pourtant, je me tenais toujours là, en éveil, ou presque, avec d'autres idiots. Les brouhaha de la taverne servaient de musique de fond, les éclats de rire rauques et gras, les propositions indécentes et les gémissements des ivrognes formaient une symphonie particulière et familière. Trop familière. Un de ces jours, il fallait que j'arrête de fréquenter ce genre d'endroit qui attrapait dans ses filets tout ce qu'il y avait de pire dans le genre humain.

Je baissai les yeux, effleurant du regard la table un peu crasseuse mais, quand on regardait bien, tout de même travaillée. Il fallut quelques secondes pour que ma vision se stabilise et ce fut à ce moment que je réalisais l'état avancé de mon ébriété. Les choppes avaient, au fil de la soirée, glissé sur la table, comme animées de leur propre volonté. Ça faisait un moment qu'une jeune femme, pour ne pas dire une gamine, à vu de nez elle avait dix sept ou dix-huit, me tournait autour. Elle n'avait point l'air d'une prostituée de la place, et j'avais remarqué avant de me mettre minable qu'elle était arrivée avec une bande d'hommes à l'allure louche. Je n'étais ni crétin ni aveugle, j'avais depuis longtemps compris qu'elle attendait avec ses copains que je sois assez ivre pour me faire sortir de la taverne et me dévaliser. Et peut-être parce que j'étais un peu maso, je les laissais faire. Ça allait finir soit mal pour moi, soit très mal pour eux.

Je pris une autre gorgée, sous le rire cristallin de la brigande accrochée à mon bras. Ma vie c'est temps-ci était des plus étranges. Je ne savais pas encore ce qui m'avait pris d'accepter d'intégrer une guilde, en loup solitaire que j'étais. Je n'avais pour le moment que discuter brièvement avec quelques confrères.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Lyall & Eadwin

Un soleil radieux venait éclairer en ce jour les rue de Thuin, les habitants sortaient camouflés sous leurs épais manteaux, fourrures ou bout de tissus rafistolés, mais profitait de la lumière qu'apportait le père d'Imvarion. Eadwin n'aimait pas cette lourde agitation qui agitait la grand place. Quelques marchands ambulants hurlaient le nom de leurs produits, alors que bardes et ménestrels jouaient une musique pleine d'allégresse. S'en était trop pour la voleuse, elle avait besoin du calme agréable du quartier sud, de ses ruelles étroites et sombres. Elle voulait retrouver un peu d'elle même dans ses rues où elle avait grandie.

Les heures s'égrenaient lentement et le quartier se remplissait tandis que la lune venait remplacer son amant au cœur du ciel. Eadwin avait finalement choisie de se poser sur le toit d'une maison à l'aspect tarabiscotée. Elle avait grimpé, sans trop soucis, profitant des ténèbres de la rue pour se dissimuler. Elle aimait se perdre à observer les étoiles, quand elle était seule, elle s'imaginait des dessins que les dieux eux mêmes aurait pas dans l'empyrée pour épater les hommes. C'était la voix de sa mère qui résonnait ainsi à ses oreilles, tel un lointain souvenir. Pourtant le temps n'était pas à la mélancolie, l'agitation de la taverne lui parvenait aux oreilles, le son délicat des rots et des rires emplis d'ivresse. A une époque, qui lui semblait désormais bien lointaine, elle faisait partie de ce monde, de ses brigands savourant leur butin autour d'une bonne bière. Mais désormais elle ne savait pas si elle serait la bienvenue !

La descente fût bien plus compliquée à amorcer que la montée, l'équilibre apportée par la bâtisse était fugace et potentiellement instable, et les quelques briques qui maintenaient encore le tout debout semblaient vouloir s'échapper, ne laissant ainsi qu'un large amas de débris. Mais le tout resta fixe, alors que caché sous l'ombre de sa capuche Eadwin rejoignait le commun des mortels. La lueur des bougies vacillaient à travers les vitres de la taverne, une musique suintante qu'elle pouvait qualifier plutôt de bruits s'échappait par la fine porte de bois. Eadwin la poussa et se laissa alors envahir par l'odeur qui ne l'avait finalement jamais quittée : relents épais de tabac, d'alcool et de crasse, certains bourgeois de la cité aurait peut être rendu leur tripe en mettant le nez au cafard insatiable.

Elle avait pris ses précautions, la reconnaître au premier coup d'oeil ne serait pas très simple. Affublée d'un large manteau capuchonné, elle masquait son visage sous un loup de ténèbres et de noirceur. Le lieu était emprunt à son passé et son présent ne pouvait y mettre les pieds. C'était simple, une séparation temporelle où elle oubliait ce qu'elle était maintenant, ce qui l'avait menée dans la guilde de Ferne. Malheureusement, on ne peut échapper à ce que l'on est et accoudé à une table, entouré de choppes vides et accompagnés d'une jeune femme au regard sournois, se tenait le petit nouveau de la guilde. Il semblait totalement grisé, le regard perdu dans une chopine alors que la poitrine opulente de son accompagnatrice se penchait au-dessus de lui. Elle l'a reconnu d'ailleurs, elle, avec ses lourd décolleté et son étrange capacité à dévaliser quelqu'homme habité par la douceur de la bière.

Eadwin savait qu'il ne fallait pas laisser un membre de sa guilde dans un état pareil, encore mois l'abandonner aux mains de brigands du genre de Tania, elle l'observait l'oeil avide. Rare était ceux qui s'était fait détrousser sans y laisser la vie. La jeune femme s'approcha alors et d'un ton sec et violent vira celle qui aurait pu être une de ses congénères :

« - Dégage toi ! Va traîner tes sales pattes de voleurs ailleurs ! »

Eadwin se penche au-dessus de son confrère, il ne semblait pas avoir l'esprit très clair mais une lueur d'intelligence brillait pourtant encore dans son regard. Sans prendre la peine de révéler son visage elle lui dit alors :

« Qu'est ce que tu fais ici ? Faut pas traîner dans ce genre de bar tu sais ? »

Elle ne savait pas si elle avait bien fait, le regard noir de Tania et de ses camarades s'attardait sur elle. Eadwin espérait qu'une seule chose, qu'elle ne l'est pas reconnue.

mocking jay.

Spoiler:

maybe not a good day to meet someone

Nous vivions dans un monde dangereux. La simple présence de cette fille à mes côtés, qui aurait dû, à cet âge, beaucoup plus se préoccuper d'un quelconque amour de jeunesse, en témoignait. Des brigands, il y en avait à chaque coin de rue. Le monde était constitué de petits criminels et de d'autres de plus grandes envergures. Je n'étais même pas certain de ce que j'étais, moi. Certains, sans me connaître, diraient que je n'étais qu'un chasseur, un solitaire, sans pouvoir définir si c'était de la solitude ou une quelconque noirceur qui brillait dans mon regard. Je relevai les yeux vers ma charmante compagne, rencontrant son décolleté, qui ne me fit pas le moindre effet. Je lui souris, en réponse à ses gloussements pathétiques. Sourire faux qui quitta mes lèvres, alors que je commençai une énième chope. Je sentais mon esprit s'embrumer encore plus, et pourtant, je ressentais l'impatience de ceux qui allaient bientôt me détrousser. Très bien. Des deux côtés, je savais qu'il allait y avoir des dégâts. Je n'étais peut-être pas en mesure de me défendre, en ce moment, correctement avec une lame, mais je sentais les barrières de mon esprit céder à cause de l'alcool.

« Dégage toi ! Va traîner tes sales pattes de voleurs ailleurs ! »

L'exclamation fut aussi forte que douloureuse. Je ne pris pas la peine de relever les yeux, les oreilles encore bourdonnantes par cette interruption inattendue. Cependant, je sentais la demoiselle se crisper, hésiter, pour finalement se décoller et partir. C'est alors que mon regard atteignit le visage de l'inconnue. Ou plutôt l'endroit où il était supposé y avoir un visage. Je pouvais devenir que c'était une femme, mais impossible de dire qui c'était. Je la vis se pencher vers moi mais je ne réagis pas. N'importe quel danger pouvait me tomber dessus à cet instant, je n'en avais cure.

« Qu'est ce que tu fais ici ? Faut pas traîner dans ce genre de bar tu sais ? »

Si je fus étonné, je n'en démontrai guère. Je ne fis que la fixer, pour ensuite remarquer le regard mécontent de la bande de crétins que la fille avait rejoint. Il n'était pas dirigé contre moi, mais contre mon interlocutrice. Un regard de colère, mais aussi de suspicion. En tout cas, elle ne faisait qu'attirer l'attention, en restant debout, alors que, clairement, en vue de son habillement, elle ne voulait pas être reconnue. Je ne sais pas ce qui me prit, mais, d'une main ferme mais non brutale, j'empoignai le bras de ma chère inconnue pour la tirer doucement sur un banc libre, dos aux mécréants qui, finalement, retournèrent eux-mêmes vers leurs chopines. Mon attention revint vers celle qui m'avait évité un mauvais quart d'heure et je posai mon regard sombre sur elle.

« Pourquoi? »

Je ne demandais pas pourquoi cet endroit n'était pas fréquentable, je le savais très bien, mais pourquoi m'aidait-elle. Avec cet accoutrement, il ne m'était pas possible de savoir qui c'était. Et je n'avais que très peu de connaissances amicales à vrai dire. J'avais pour habitude de vivre dans les bois, et je ne venais en ville que pour faire affaire. La pensée qu'elle faisait peut-être partie de la guilde m'effleura, mais la définition même de communauté était plutôt nouvelle pour moi. J'avais encore du mal à comprendre ce que cela impliquait.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

Lyall & Eadwin

Eadwin sentait le lourd regard des brigands contre son dos, elle espérait que l'intonation de sa voix ne les avaient pas alerté plus que cela. Elle n'avait pas l'envie d'une bagarre épique dans une taverne miteuse, elle avait après tout choisi d'en finir avec cela. Pourtant ses pas la ramenaient toujours au même endroit, le lieu de débauche et d'alcool du quartier sud. La jeune femme ne savait pas si le regard que lui lançait son confrère, dont elle ne parvenait malheureusement pas à remettre le nom, était méfiant ou totalement ahuri. Peu importe, debout au milieu de la pièce, penchée au-dessus de lui comme si elle le prenait pour un enfant, elle attendait. Finalement d'une poigne ferme mais non violente, il l'attira sur le banc. Elle faisait désormais dos au brigand qui pourtant continuait à murmurer. Elle brûlait de se retourner, mais elle savait au fond d'elle que tout cela ne serait pas raisonnable. Ivre mais tout de même bien conscient de ce qu'il se passait son interlocuteur émit finalement un son :

« Pourquoi ? »

Une question somme toute idiote, Eadwin ne voyait pas pourquoi de tout ce qu'il aurait pu lui demander il posait cette question là. Peut-être était-ce les embruns de l'alcool, aussi ensorceleur qu'un élixir savamment préparé, qui lui embrouillait l'esprit. La voleuse écarta alors son capuchon, dévoilant enfin son visage à son partenaire de guilde. Malgré tout elle prenait garde à ne pas se retourner, elle avait les yeux fixé sur la table en bois.

Dans un geste habile et délicat, Eadwin héla le tavernier et pria celui-ci de lui apporter une bière. Les lieux n'avaient guère changés, mais les gérants avaient défilés en revanche. Celui-ci, un petit rondouillard avait le visage marqué d'une épaisse balafre, rien de bien inquiétant. Après tout il faut se méfier de celui qui inflige la cicatrice pas de celui qui la porte.

« Ben tu sais les tavernes du quartier Sud c'est pas vraiment un coin pour s’enivrer en toute sécurité. T'as bien failli rentrer les poches vides. »

Eadwin n'était pas une adepte des civilités, mais elle n'était pas certaines qu'il arrive à remettre son visage, après tout elle l'avait juste brièvement croisé dans les locaux de la guilde.

« Eadwin, je fais parti de la guilde aussi, je vais te tenir compagnie et t'accompagner, à deux on risque un peu moins, et pis ces brigands là, c'est pas vraiment des têtes. »

Il dégageait un petit quelque chose qui rendait Eawin amicale, une exception ma foi.

mocking jay.

Spoiler:

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